medecin oran guerre liberation
A travers le récit de la vie de Tami Medjbeur (1926-2005), médecin algérien basé à Oran et engagé dans le FLN, ce livre retrace le déroulement de la guerre d’Algérie depuis son déclenchement le 1er novembre 1954 à l’indépendance en juillet 1962.
 
Après une jeunesse heureuse dans l’ouest algérien, vient la prise de conscience des violences sociale, politique et humaine vécues par les Algériens musulmans dans le système colonial, et qui seront les germes qui conduiront à l’insurrection généralisée de la population puis au déclenchement de la guerre de libération.
 
L’ensemble des détails, notamment les deux années passées par Tami à la prison d’Oran au cours desquelles il est témoin des derniers instants de ses jeunes codétenus condamnés à mort et exécutés, ont été reconstitués à partir des notes ou écrits personnels de Tami Medjbeur réunis après sa mort.
 
Soraya Medjbeur Benyelles est née à Oran pendant la guerre d’Algérie. Pendant son enfance, elle a été imprégnée des récits qu’en faisait son père. Tout au long du long travail de reconstitution de ces évènements tragiques qui ont concerné sa famille, elle a tenu à les situer dans l’histoire de la guerre qui a concerné l’Algérie dans son ensemble et dans sa fidèle chronologie. Dans ce récit, elle s’est efforcée de rapporter les faits de la façon la plus proche de la réalité, en se servant du regard de ceux qui les ont vécus.

Extrait du livre « Un médecin d’Oran dans la guerre de libération »

Ici, comme à la P.J., la torture omniprésente livre un spectacle d’effroi exacerbé par le cynisme insolent de ceux qui la pratiquent. Si elle ne revient pas, qui saura jamais où cette femme a été emmenée ?

Les heures de la nuit se succèdent ainsi, les os et la chair écrasés contre cette chaise raide. Il fait très froid dans ce couloir qui ne paraît pas chauffé et il sent ses membres épuisés. Malgré la faim et le froid humide qui lui transperce la peau, ses paupières commencent à se fermer et il s’endort par courts accès, la tête tombant en arrière contre le mur. Soudain, un cliquetis d’armes le réveille. Devant lui, un C.R.S. pointe le canon de son mousqueton dans sa direction. Tami est saisi d’une peur panique qu’il tente de dissimuler. Ce jeune écervelé risque de faire partir la gâchette, se dit-il, et c’en est fini.

Un autre C.R.S. s’approche sur sa droite mais Tami ne peut détourner son regard du canon pointé devant lui. Un nouveau cliquetis retentit. Tami finit par se tourner. Le canon d’un énorme révolver est à présent à 50 centimètres de sa tempe. Il ne peut essuyer les grosses gouttes de sueur qui ruissèlent à présent sur son front, le moindre mouvement peut être saisi comme prétexte et lui être fatal. L’un d’eux finit par s’adresser à lui.

-    Bon, vous avez bien dormi. A présent, levez-vous. On vient vous chercher pour l’interrogatoire.

L’HARMATTAN, 7 rue de l’Ecole Polytechnique 75005 Paris
ISBN : 978-2-296-99450-8 ; 208 pages ; prix éditeur : 22 €
http://www.editions-harmattan.fr